Depuis le 26 avril dernier, à Montgeron, les martinets noirs sont de retour. Ces princes du ciel ont parcouru entre 5.000 et 10.000 km depuis l’Afrique tropicale et équatoriale pour revenir sur leurs sites de reproduction.
Rendez-vous compte, certains passent notre hiver au nord de l’Afrique du sud… Cette espèce de martinet est la plus fréquente en Europe. Elle est parfois confondue avec les hirondelles bien que n’appartenant pas à la même famille. En dehors d’une vague ressemblance, leurs seuls points communs sont d’arriver dans nos contrées au printemps et de chasser les insectes en plein vol. Pour les différencier, il faut s’attacher à leur silhouette en vol. Le martinet noir a une envergure des ailes de 40 à 44cm alors que celle de l’hirondelle rustique, la plus grande de nos hirondelles, est plus petite de 10 cm. Le détail important est la forme des ailes longues et pointues du martinet formant un net croissant effilé.
Princes du ciel ? Vous allez voir. Les martinets noirs passent la majeure partie de leur vie et de leurs journées en vol. Il leur arrive même de s’accoupler dans les airs. Lorsqu’il fait chaud et qu’ils ne couvent pas leurs œufs, la nuit venue ils partent dormir… dans le ciel. Au crépuscule, entre mai et juillet, à un moment donné, on ne les voit plus, on ne les entend plus. En bandes, ils montent entre 2000m et 3500m d’altitude au-dessus de la nappe d’air chaud qui les a aidés à monter avec ses ascendances estivales. Là-haut, ils glissent à vitesse très réduite, espacés. Ils dérivent au gré des courants aériens, planant presque sur place. Imaginez-les.
A l’aube, ils redescendent et reprennent leurs ballets rapides et incessants, chassant les insectes sans répit jusqu’à 1000m d’altitude. Et lorsque la pluie arrive ou qu’un orage déverse sa cargaison d’eau que deviennent-ils ? Et bien, rien de plus simple pour ces sportifs très endurants et aérodynamiques. Comme ils sont taillés pour faire toutes les acrobaties aériennes et sont capables d’avaler les kilomètres pour traverser le continent africain, ils partent contourner la dépression pluvieuse en faisant un détour de 200 à 300km, s’il le faut. Parfois même, si le temps pluvieux persiste, ils s’élancent dans une mini-migration incroyable de 2000km pendant plusieurs jours. Car les insectes ne volent pas si la pluie s’installe. Privés ainsi de nourriture pendant une période qui peut durer, faire un très grand détour c’est une question de survie. Alors, princes du ciel ?… Assurément.
Quelque soit votre quartier, pour peu que le bâti alentours soit plus ou moins ancien, en centre ville comme en périphérie, en levant les yeux au ciel vous pourrez observer les martinets noirs. Les bâtiments modernes n’offrent pas de petites cavités sous les toitures où ils pourraient construire leur petit nid sommaire. Durant l’été, amusez-vous à regarder leurs poursuites effrénées autour des bâtiments et au-dessus des maisons, vociférant de leurs cris stridents « srriiii ; srriiii ». Certaines pointes de vitesse fulgurantes atteignent les 200km/h. Ces poursuites seraient des jeux favorisant notamment la cohésion au sein des colonies. Elles préfigurent aussi parfois les ascensions nocturnes. Mi-août, les martinets noirs accompagnés des jeunes repartiront vers le sud. Leur voyage étant long, ce seront les premiers migrateurs à prendre le large. En attendant, levez les yeux et savourez avec patience ces princes du ciel.
Le petit plus :
Ce qui est nuisible à cet oiseau ce sont deux choses, principalement : la raréfaction des insectes à cause de nos modes de vie et la raréfaction des possibilités de construire son nid sous les toitures des maisons et des bâtiments. Il lui suffit d’une ouverture de 4 à 5 cm dans laquelle il puisse se glisser pour accéder aux cavités du bâti sous le toit. On peut en même temps isoler correctement sa maison et laisser des petits espaces sous le toit pour les martinets, c’est compatible.