Le chemin de fer permet désormais aux Parisiens de s’intéresser aux environs de la capitale. Une importance considérable est donnée à la construction de gares, nouvelles portes de départ vers les villes de banlieue, et axes majeurs facilitant la circulation entre les régions. Les lignes de chemin de fer sont construites à un rythme accéléré. Vallées de la Seine, de l’Yerres, de l’Oise ou encore de la Marne deviennent les destinations privilégiées de la bourgeoisie.
Émile Zola évoque ce phénomène en ces mots : « Le dimanche c’est un écrasement ; par certains dimanches de soleil, on a calculé que près d’un quart de la population, cinq cent mille personnes, prenaient d’assaut les voitures et les wagons, et se répandaient dans la campagne. »[1]
À l’origine, sur ces territoires se trouvaient des demeures aristocratiques détruites, et leurs terrains morcelés à la Révolution. Rachetés, ils laissent place à de vastes propriétés acquises par des Parisiens fortunés : entrepreneurs, banquiers, industriels, promoteurs ou amateurs d’art, en quête de tranquillité et de plaisirs campagnards.
L’arrivée des lignes Paris-Corbeil en 1840 puis du Paris-Lyon-Méditerranée en 1849 transforme les communes rurales du territoire qui voient leur population décupler. Ainsi, Brunoy, Montgeron, Draveil ou encore Yerres accueillent une bourgeoisie aisée qui va goûter à de nouveaux loisirs et attirer une société d’artistes, peintres, écrivains, musiciens.
Le 12 mai 1860, Martial Caillebotte, père de Gustave, achète lors d’une vente au Palais de Justice à Paris un lot : maison de campagne à Yères (Seine et Oise) sur les bords de la rivière d’Yères, Parc, jardin anglais, iles, rochers, glacières, rivières, serres, potagers, 11 hectares 55 ares 26 centiares.
Voici ce que dit le guide Joanne sur Yères en 1856 : « un des plus jolis bourgs des environs de Paris. Propre, élégant, coquet, un poète dirait qu’il baigne ses pieds dans la petite rivière qui porte son nom, et qui donne la fraîcheur et la vie à cette riante vallée. Nulle part on ne voit de plus charmantes maisons de campagne, ni en plus grande quantité. »
Les artistes, en quête d’inspiration nouvelle, suivent le mouvement, motivés par cette nature originelle, à la recherche de motifs de plein-air et de la diversité des paysages rencontrés.
[1] « Aux champs. La banlieue », paru en 1878 dans Le Messager de l’Europe